En France, la lutte contre le tabagisme n’a jamais vraiment faibli depuis une trentaine d’années. Les gouvernements successifs ont mis les bouchées doubles pour lutter contre ce problème de santé publique. Si la France s’est débarrassée du sobriquet « Cheminée de l’Europe », le fait est que les Français fument encore beaucoup, même s’ils sont sensibilisés aux nombreux dangers du tabac. Seule subsiste donc la forte dépendance physique (nicotine) et psychologique (le geste de fumer). En matière d’efficacité dans le sevrage tabagique, plusieurs méthodes se disputent le podium, mais deux se détachent du peloton : les substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles) et la cigarette électronique lorsqu’elle est utilisée à bon escient.
Patchs, gommes, pastilles… zoom sur les substituts nicotiniques
Patchs, gommes à mâcher, inhaleurs, sprays, comprimés, pastilles… les substituts nicotiniques permettent d’assouvir le manque de nicotine, avec un avantage de taille : permettre au fumeur de disposer de sa dose de nicotine, tout en lui épargnant les centaines, voire milliers de substances toxiques qui résultent de la combustion du tabac et qui viennent doper les risques de développer des maladies cardiovasculaires et autres pathologies chroniques qui réduisent l’espérance de vie du fumeur. Les substituts nicotiniques permettent également aux fumeurs les plus motivés de s’éloigner de la dépendance psychique, en dissociant la nicotine de la gestuelle associée au fait même de fumer. C’est aussi, un peu paradoxalement, le point faible de cette solution, certains fumeurs étant autant attachés à la nicotine qu’à la gestuelle.
Les substituts nicotiniques sont largement disponibles en pharmacie, sans ordonnance. Selon les différentes estimations, ils multiplieraient par deux les chances de réussite du sevrage tabagique, au bout de six mois à un an d’utilisation. A la différence des cigarettes, les substituts nicotiniques administrent la nicotine de manière lente et prolongée, que ce soit à travers la peau dans le cas des patchs, ou par la muqueuse de la bouche pour les gommes à mâcher et les pastilles. Il faut toutefois noter que certains médecins et tabacologues considèrent que l’intérêt des substituts nicotiniques reste limité en l’absence d’un accompagnement comportemental et psychologique. Certains estiment même que leur efficacité serait à peine supérieure à celle d’un placebo.
Cigarette électronique : efficace mais toujours sujette à débat
Depuis son invention dans les années 2000, la cigarette électronique est au centre des débats. Elle fait l’objet de l’engouement des chercheurs en tabacologie, mais aussi des fumeurs, des entrepreneurs et des autorités. Ce dispositif de vapotage délivre une vapeur que l’utilisateur va inhaler, en chauffant l’e-liquide contenu dans le clearomiseur de l’e-cigarette (pour plus d’informations, découvrez le fonctionnement de la cigarette électronique expliqué sur Web Tech). Controverse à part, la cigarette électronique a un avantage évident sur les substituts nicotiniques : permettre aux fumeurs qui ont des difficultés à abandonner leurs habitudes gestuelles de se sevrer lentement tout en conservant leur rituel. Là encore, l’e-cigarette à l’inconvénient de son avantage : elle peut entretenir la dépendance psychique et comportementale si l’ex-fumeur manque de motivation.
Aujourd’hui, nombreux sont les tabacologues convaincus par l’utilité, et surtout par l’efficacité de l’e-cigarette comme aide au sevrage tabagique. Ces derniers n’hésitent plus à encourager leurs patients à l’adopter au regard de sa composition chimique infiniment moins inquiétante que celle de la cigarette à tabac. C’est ce que l’on appelle la politique du « moindre mal », prônée par les autorités sanitaires de certains pays comme le Royaume-Uni. En France, c’est l’Académie nationale de médecine qui porte cette vision. Les fumeurs qui troquent leur cigarette à tabac pour un dispositif de vapotage ne doivent pas combiner les deux sources de nicotine, au risque d’exacerber leur addiction et d’augmenter leurs besoins quotidiens en nicotine.
Il faut enfin noter que la cigarette électronique continue de faire l’objet de recherches extensives pour définir avec précision ses risques sanitaires sur le long terme. Les premières conclusions semblent toutefois prometteuses. Ainsi, selon une étude ambitieuse réalisée par les Public Health, l’équivalent britannique de Santé publique France, l’e-cigarette serait 95% moins dangereuse que le tabac. Voici un dernier chiffre pour conclure : selon le Baromètre du Tabagisme publié par Santé publique France, la cigarette électronique aurait permis à plus de 700 000 fumeurs français de décrocher en 7 ans.